Les plantes de février
Bien que les jours allongent, la flore est encore dans une léthargie profonde… Néanmoins, les choses commencent à bouger avec la floraison du Perce-neige. On ne le rencontre à l’état spontané en Loire-Atlantique que le long de la vallée de la Loire, descendu vraisemblablement du Massif Central.
Rassemblement de Perce-neige chemin de la Janière |
Sépales blanc pur, pétales marqués de vert | Dans l’intimité de la fleur, 6 étamines jaunes entourant le pistil |
La fleur, jolie, blanche avec quelques ornementations vertes, a la redoutable mission d’attirer des insectes afin qu’ils assurent la pollinisation, c’est-à-dire le transport du pollen d’une plante à une autre. Or, en février, les insectes ne sont pas légion ! La littérature botanique signale tout de même quelques mouches, moucherons, abeilles précoces, qui font le job !
Le Noisetier lui aussi entame sa floraison, mais, prudent, il préfère confier au vent plutôt qu’aux insectes son précieux pollen. Les organes jaunâtres, pendants, sont les inflorescences mâles dont les étamines produisent un nombre phénoménal de grains de pollen. A maturité, ils s’envolent à la moindre risée sous la forme d’une poussière jaune. Chaque grain a une probabilité extrêmement faible de se coller sur un stigmate femelle rouge (fleurs mâles et femelles d’un même arbuste n’arrivent pas à maturité en même temps) mais ils sont tellement nombreux que la pollinisation réussit et que nous pouvons, quelques mois plus tard, déguster des noisettes !
Fleurs mâles du Noisetier |
Fleurs mâles et femelles | Les jolis stigmates rouges de la fleur femelle |
On ne saurait ignorer le Mimosa dont la flamboyante floraison égaie la « grisaille » de février. Certes, ce n’est pas une plante autochtone : elle est originaire d’Australie. Mais elle a tellement enthousiasmé le public, lors de son introduction en Europe au 18è siècle, que les fleuristes l’ont largement cultivée et diffusée. Les fleurs très petites sont regroupées en inflorescences sphériques très odorantes, jaune vif. Les feuilles composées sont très élégantes avec leurs folioles très fines. Une dernière précision d’ordre botanique : le Mimosa dont il est question est en réalité un Acacia (Acacia dealbata), le terme Mimosa devant, en toute rigueur, être réservé à la Sensitive, Mimosa pudica, une plante dont les folioles se ferment au moindre effleurement… (vidéos sur internet)
Feuilles et fleurs du Mimosa |
Sur les pelouses, une sorte de Bouton d’or démarre sa floraison en ordre dispersé, la Ficaire. Comme le premier nommé, c’est une Renoncule mais nettement moins haute. Les feuilles étaient réputées comestibles autrefois, mais avant la floraison car ensuite, elles deviennent toxiques ! C’est sans doute la raison pour laquelle son usage est tombé dans l’oubli. Il lui reste son aspect esthétique, surtout quand elle arrive à conquérir une surface assez vaste, un peu plus tard en saison.
La Ficaire |
Deux espèces sont assez facilement repérables dans les pelouses, sur le bord des chemins.
La première, l’Erodium commun, s’identifie grâce à ses feuilles composées d’un nombre impair de folioles (9 à 13) finement dentées.
Un deuxième indice permet de confirmer la détermination : les fleurs ! Rassemblées en ombelles, elles possèdent cinq pétales roses, plus ou moins chiffonnés.
Enfin, dernier indice : le nom vernaculaire de l’Erodium est Bec-de-grue, et en observant son fruit, on comprend pourquoi !
Cette plante, de la famille du Géranium, est considérée comme adventice, c’est-à-dire qu’elle s’invite parmi les espèces cultivées. C’est aussi une façon polie de dire mauvaise herbe !
La seconde espèce, l’Achillée millefeuille, a déjà été évoquée dans cette chronique en octobre à propos de sa cousine, l’Achillée sternutatoire.
Même inflorescence en galette plate, même type de fleurs, seule la taille les différencie : l’Achillée millefeuille est nettement plus petite.
Les feuilles sont très différentes : ici, elles sont composées de segments très fins, et sont odorantes quand on les froisse.
Enfin, l’Achillée millefeuille a des propriétés médicinales, antihémorragiques, découvertes, si l’on en croit son nom, par le héros grec antique Achille, ce qui n’est pas rien !