Les plantes de mai

Alliaire officinaleAnthrisque sauvage
Gaillet gratteronGaillet croisette
Gesse sans vrilleOrchis à fleurs lâches
Orchis brûléLaiche de Loire
Ophioglosse vulgaireAsphodèle blanc
Iris des maraisOphrys abeille
Aristoloche clématite

Fin avril / début mai, les bordures des chemins sont envahies par une plante qui donne dans le tendre, tant par sa nuance de vert que par la consistance de ses feuilles : l’Alliaire officinale.


Le nom de l’espèce est une référence à l’odeur d’ail des feuilles froissées. Certains l’utilisent d’ailleurs pour agrémenter les salades…

Les fleurs sont regroupées au sommet de la tige et au premier coup d’œil on voit que ce n’est pas du tout un ail !
Fleurs blanches à 4 pétales, 6 étamines, c’est l’indice de l’appartenance de cet Alliaire à la famille des Brassicacées, appelée autrefois Crucifères.


Dès la mi-avril, une autre espèce exploite les bordures verdoyantes des chemins lucéens, l’Anthrisque sauvage, mais il faut attendre mai pour la voir se déployer.

C’est une grande espèce, qui dépasse couramment le mètre de hauteur, que l’on repère à ses tiges rougeâtres bien visibles en début de feuillaison, et puis, c’est la première Ombellifère à fleurir.

Les feuilles, composées, sont divisées en folioles elles-mêmes divisées…
Les fleurs blanches, aux pétales ronds, sont regroupées en ombellules elles-mêmes rassemblées en ombelles. L’Anthrisque, on le voit, mérite amplement son appartenance à la famille des Ombellifères, mais cette appellation est désormais obsolète, on utilise aujourd’hui le terme Apiacées, tiré de Apium, nom scientifique du Céleri.


Qui ne s’est amusé, enfant, à coller du Gaillet gratteron sur les vêtements de ses petits camarades !


Les images montrent ce qui produit cette adhérence des tiges et des feuilles : des poils raides. Mais pourquoi cette propriété d’arrimage ? La possibilité accrue de dissémination des graines qui s’accrochent au pelage des animaux.

Remarquer la disposition en verticille des feuilles qui sont insérées autour d’un même point de la tige, et les fleurs, minuscules, à 4 pétales


Un autre Gaillet, le Gaillet croisette, est présent à Ste Luce, mais moins fréquent que le précédent.

L’architecture de ces deux espèces est la même : feuilles en verticilles, tige carrée, présence de nombreux poils, (mais ici, ils sont fins et doux), fleurs à 4 pétales. Ces caractères signent l’appartenance des gaillets à la famille des Rubiacées.


Dans les zones herbeuses, une « herbe » peut surprendre par la couleur rouge pourpre de ses fleurs : la Gesse sans vrille.

Les organes aux nervures parallèles, qui ressemblent furieusement aux feuilles d’herbe, sont des rameaux aplatis ; les fleurs, elles, sont typiquement des fleurs de pois, c’est-à-dire que cette Gesse sans vrille n’est pas une Poacée (anciennement Graminée) mais une Fabacée ! De l’ambigüité peut se nicher dans une innocente prairie…

Dans les grandes prairies humides ligériennes, la saga des orchidées continue ! C’est l’Orchis à fleurs lâches qui commence sa floraison d’une façon on ne peut moins discrète comme ici, non loin du pont de Bellevue.

Sur cette vue d’ensemble, on devine la raison du nom de cette espèce : les fleurs sont espacées le long de la hampe florale, contrairement à ce que nous avons observé chez les orchis mâle et bouffon.

On retrouve la structure « orchidéenne » de la fleur, à savoir :
– le labelle, ici fortement plié, avec une large tache blanche marquée de points roses, prolongé vers l’arrière par un éperon ;
– 2 pétales rassemblés ;
– 3 sépales redressés verticalement.


Dans les parties les plus sèches des prairies lucéennes, c’est l’Orchis brûlé qui s’épanouit. Son nom est une allusion à la coloration pourpre très sombre du sommet de l’inflorescence, qui s’éclaircit au cours de la maturation des fleur.

La fleur peut faire penser à un petit pantin dont la tête est coiffée d’un casque qui surplombe un corps très schématique avec deux bras et deux jambes… Les sépales et pétales constituent le casque, le labelle, avec ses quatre lobes complète le tableau.

Cette espèce est moins commune que les précédentes, elle se raréfie même sous l’emprise agricole.


Une plante caractéristique des pelouses sableuses de la Loire : la Laiche de Loire. On ne l’observe en effet que sur les prairies alluviales des bords de Loire, du département de Loire-Atlantique à celui de la Loire.
Cette laiche de 30-50cm passe bien souvent inaperçue : pas de couleur ni de forme exubérante, tout juste une petite inflorescence en épi de 2 à 5cm maximum qui émerge de la prairie.
Son inflorescence est constituée de 5-6 épillets tous identiques, portant les fleurs femelles au sommet, les mâles à la base. Les fleurs femelles ne possèdent pas de pétales, seulement une écaille, un ovaire terminé par 2 stigmates blancs étalés au vent comme 2 antennes. La fleur mâle se compose d’une écaille et 2 ou 3 étamines.

Remarquer les étamines beiges à la base de l’inflorescence, les stigmates blancs au-dessus.


Encore une plante étrange : l’Ophioglosse vulgaire ou Langue de serpent, relativement fréquente dans les lieux humides, neutres, comme le sont les alluvions de la Loire.

Une plante banale cette feuille ovale, dépourvue de nervures, échancrée à la base ?

Certes non, l’Ophioglosse est une fougère, ce qui n’est pas évident à première vue !

Elle est ancrée en terre par un pédoncule non visible sur la photo.
Après quelque temps de croissance, la feuille émet un organe longiligne, effilé dans sa partie supérieure, porteur de deux rangées de sporanges, caractéristiques des fougères.

Les spécialistes jugent l’Ophioglosse « primitif », notamment parce que les sporanges ne sont pas disposés sur la face inférieure des feuilles.


C’est dans « les hauts » de Sainte Luce, sur des terrains plus schisteux et acides que ceux des bords de Loire, que l’Asphodèle blanc déploie sa belle hampe fleurie.

L’Asphodèle arbore une corolle à six pétales, autant d’étamines (famille des Liliacées…). La fleur est assidûment visitée par des bourdons, attirés par autre chose que son parfum car elle est inodore, contrairement à ce qu’affirmait Victor Hugo dans « La Légende des Siècles » :

«Un frais parfum sortait des touffes d’asphodèle ;
Les souffles de la nuit flottaient sur Galgala.
Les souffles de la nuit flottaient sur Galgala.


Dans le parc de la Verdure, une zone à l’aspect un petit peu mangrove, marécageuse, est illuminée par la floraison de l’Iris des marais.

La fleur est grande et plutôt spectaculaire, avec ses 3 sépales rabattus et ornés de quelques nervures rougeâtres, ses 3 pétales et ses 3 étamines peu visibles ici.

L’originalité de cette fleur, ce sont ses 3 styles en forme de lames aplaties et colorées, qui partent du centre de la fleur, de l’ovaire donc, et portent le stigmate à leur extrémité redressée. Le rôle du stigmate est de collecter le pollen rapporté par des insectes. Sous chaque style, une étamine.


Autre plante remarquable de la commune : l’
Ophrys abeille
Cette espèce a été repérée pour la première fois à Sainte Luce en 2015, rue de la Loire, dans l’angle constitué par la surface du trottoir et un muret de béton. Situation quelque peu excentrique, mais qui devait convenir à cette orchidée puisqu’elle y a prospéré jusqu’en 2018 avec un maximum de 16 pieds. L’année suivante, le trottoir avait été goudronné… Exit, l’Ophrys abeille !

Heureusement, il se maintient bien dans d’autres sites lucéens…

On peut sans aucun doute décerner le prix de la plus belle orchidée de Loire-Atlantique à cette espèce !

Les fleurs sont grandes, vivement colorées : 3 sépales roses, labelle brun velouté avec des ornementations jaunes et rouges. On distingue les pollinies, qui, à maturité, se replient vers la base du labelle : cette belle orchidée pratique l’autofécondation (fécondation d’une fleur par son propre pollen).

Et pourtant, les ophrys ont développé une stratégie extraordinaire pour attirer les insectes pollinisateurs. Les fleurs émettent des substances volatiles très proches des hormones sexuelles des abeilles sauvages femelles. Lorsque les jeunes mâles inexpérimentés captent ces effluves, ils sont irrésistiblement attirés par la fleur qu’ils identifient comme un partenaire et tentent un accouplement ! L’histoire ne dit pas s’ils sont déçus par l’aventure, mais toujours est-il qu’ils repartent chargés du pollen qu’ils colporteront de fleur en fleur (photos et vidéos sur internet, taper pseudocopulation ophrys).

Le terme « ophrys » provient d’un mot grec signifiant sourcils, allusion à la pilosité du labelle.


Vers la fin du mois de mai, une plante étrange apparaît dans les endroits sablonneux, donc sur les bords de la Loire : l’Aristoloche clématite.

Cette espèce est bien identifiable par ses feuilles en cœur au long pétiole et ses fleurs jaunes, tubulaires, renflées à la base, à l’odeur plutôt désagréable.

L’Aristoloche était autrefois cultivée car, bien que toxique, elle était censée faciliter les accouchements…
Les fleurs ont quelque chose d’un pavillon de saxophone…

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