Les plantes de juin

Orpin blancTrèfle renversé
Orchis boucPlantain d’eau
Digitale pourpreAngélique des estuaires
Œnanthe safranéeIris fétide
Geranium à feuilles rondesGeranium mou

L’Orpin blanc affectionne particulièrement les vieux murs, ensoleillés et moussus.

Bien qu’il soit qualifié de blanc, il apparaît globalement rougeâtre par ses feuilles, vertes mais aussi rouges. Elles sont cylindriques, charnues et montrent clairement que l’on a affaire à une plante grasse (famille des Crassulacées).


Son épithète « blanc » fait bien sûr référence à ses fleurs réunies en une élégante inflorescence lâche.


Le Trèfle renversé ne passe pas inaperçu lorsqu’il est en fleurs comme ici, aux abords de l’étang de la Minais.

Ses nombreuses inflorescences roses regroupées forment un couvert uniforme du plus bel effet.
Celles et ceux qui observent à la loupe les petites fleurs verront qu’elles sont positionnées à l’envers de ce qui se fait chez les autres trèfles, d’où la dénomination, Trèfle renversé ou Trèfle résupiné.
Remarquez également la collerette de bractées à la base de l’inflorescence : c’est aussi une caractéristique de l’espèce.

Ce trèfle constitue une nourriture délicate pour le bétail et il est très convoité par les abeilles. Sa présence assez localisée à Sainte Luce, et bien typique des zones d’estuaires, le positionne en bonne place au sein du patrimoine botanique de la commune.


Cette année, ce n’est pas un mais deux pieds d’Orchis bouc qui commencent leur floraison fin mai !


Malheureusement, les deux plantes ont été couchées au sol, par un animal ou un passant très distrait. Et pourtant, lors de la tonte, les services municipaux avaient contourné avec délicatesse les orchis, comme on le voit sur la photo. Nous les en remercions à nouveau ici.

L’Orchis bouc est connu en Loire-Atlantique sur des terrains qui recèlent du calcaire en quantité suffisante, par exemple les secteurs de Machecoul, Arthon, Saffré, mais il n’avait apparemment jamais été signalé à Ste Luce.

Ce qui caractérise cette orchidée, c’est sa robustesse, sa haute taille (jusqu’à 1 m) et, au niveau des fleurs, l’extravagant labelle qui n’en finit pas de se dérouler tel un « chasse belle-mère » !

Pourquoi le qualificatif « bouc » ? En raison de l’odeur de la fleur, que certains nez ont trouvée apparentée à celle de l’animal, mais en beaucoup moins fort !
Orchis bouc de la promenade de la Loire


Première quinzaine de juin, le Plantain d’eau nous gratifie de sa belle floraison, légère et aérienne. Le bord des eaux, les fossés, les étangs sont ses milieux de prédilection.

Les fleurs, très petites, blanches légèrement rosées, sont organisées en une inflorescence très ramifiée et peu dense. Les feuilles, dont le pétiole émerge de l’eau, sont lancéolées, ce qui leur donne un faux-air de plantain, mais la parenté s’arrête là.


Les fleurs gagnent à être examinées de près : une loupe est bienvenue car leur plus grande dimension n’excède pas 5 à 7mm !


On distingue les 3 pétales blanc rosé, entre lesquels on devine les sépales verts. En vis à vis de ceux-ci, 6 étamines. Les filaments blancs au centre correspondent aux styles de la partie femelle de la fleur.


Cette espèce recherche les milieux riches en éléments nutritifs. En les consommant, elle empêche une eutrophisation* des eaux : elle joue ainsi un rôle épuratif.


* l’eutrophisation est un enrichissement excessif des eaux en minéraux, nitrates et phosphates notamment.

La Digitale pourpre déploie sa grande hampe fleurie aux abords des zones boisées, par exemple le Parc de la Verdure.
C’est une plante qui a suscité beaucoup de croyances, de dictons, car ses grandes fleurs capiteuses sont non seulement belles mais toxiques ! La digitaline est un poison violent pour le cœur. La médecine a multiplié les recherches et a finalement obtenu des médicaments efficaces pour soigner cet organe, au point de faire de la Digitale « l’opium du cœur » !

Les pétales soudés donnent à la fleur un aspect tubulaire d’où les noms vernaculaires de la plante : Dé de couleuvre, Gants de la Vierge… Son nom « officiel », Digitale, est de la même veine.
Les ponctuations pourpres de l’intérieur de la corolle constituent une véritable piste d’atterrissage pour les insectes pollinisateurs, qui ne seront sans doute pas déçus car la fleur de la Digitale est nectarifère, contrairement à celle des Orchis…


La commune de Ste Luce peut s’enorgueillir d’héberger une plante rare, endémique de la façade atlantique française : l’Angélique des estuaires. On ne peut en effet observer cette grande Apiacée que sur les rives des estuaires de la Loire, de la Charente, de la Gironde et de l’Adour, et nulle part ailleurs dans le monde !

Angélique des Estuaires, île Clémentine à Sainte-Luce

L’Angélique des estuaires est localisée sur les rives de la Loire dans des zones sablo-vaseuses qui ne subissent une submersion qu’aux grandes marées. Elle exige une eau pas trop salée. Autrefois, cette espèce n’était connue qu’en aval de Nantes, mais, à la suite de travaux d’aménagement dans l’estuaire, le front de salinité a remonté le cours du fleuve et l’aire de répartition de l’Angélique s’étend aujourd’hui de Cordemais à la Chapelle Basse Mer, avec une population maximale au niveau de l’agglomération nantaise. La Sèvre nantaise a, elle aussi, été colonisée, jusqu’à Vertou.

Comme chez toutes les Ombellifères, les fleurs sont disposées…en ombelles, c’est-à-dire que les pédoncules floraux semblent partir d’un même point. Les feuilles sont divisées en folioles dont le bord est garni de petites pointes blanches : ce détail est un critère d’identification de cette espèce, qui fleurit donc en juin.


Une autre Ombellifère, l’Oenanthe safranée, se rencontre très communément dans les zones humides, fossés, bord de cours d’eau, bois humides et zones inondables du département. Elle est pourtant très localisée à l’échelle française.



L’Oenanthe safranée se reconnait entre autres  par la forme de ses feuilles 2-3 fois divisées. Chaque segment a une forme ovale ou losangique.
Bien que ses feuilles sentent le persil,
l’Oenanthe safranée est extrêmement toxique. Son ingestion provoque des troubles digestifs, respiratoires, nerveux, circulatoires dont l’issue est fatale dans 50% des cas. Les cas d’intoxication sur les animaux, les vaches en particulier ne sont pas rares en Bretagne.






Ci-dessous, l’inflorescence de l’Oenanthe safranée, plus globuleuse, plus sphérique que celle de l’Angélique des estuaires.


Un autre iris fleurit en juin, on pourrait dire subrepticement : d’une part, sa période de floraison est courte, d’autre part, il affectionne les milieux boisés, les ambiances un peu sombres. Doté de surcroît d’un qualificatif peu engageant, il a tout pour se faire oublier, et pourtant il a bien sa place ici. Il s’agit de l’Iris fétide, dont les feuilles froissées émettent une odeur pas très agréable.

L’Iris fétide, parc de la Verdure


L’architecture de la fleur est semblable à celle de son cousin, l’Iris des marais : 3 sépales mauves, 3 pétales de la même teinte mais plus étroits, 3 stigmates jaunâtres sous lesquels se dissimulent 3 étamines.


Lorsque la fécondation a eu lieu, la fleur se transforme en fruit à l’intérieur des- quels se trouvent des graines. Celles de cette espèce sont remarquables : sphériques et rouge vif.


Graines de l’Iris fétide, l’hiver suivant la floraison


Geranium à feuilles rondes et Geranium mou sont comme deux frères faux jumeaux, difficiles à différencier l’un de l’autre si on ne les connaît pas bien, d’autant plus qu’on les trouve à peu près partout : friches, jardins, bordures de chemin… Ils ont le même port souvent couché, des feuilles arrondies plus ou moins découpées, des petites fleurs rose pâle.

Alors, comment les reconnaître ?

Geranium à feuilles rondes, plante entière

Trois critères faciles à repérer permettent de ne plus les confondre.

La fleur
Le Geranium à feuilles rondes a des fleurs à pétales entiers. 
Le Geranium mou à des pétales bifides, à 2 lobes comme la lettre M de Mou. 

Geranium à feuilles rondesGeranium mou

La pilosité des pédoncules (à observer avec une loupe)
Le Geranium à feuilles rondes porte des poils glanduleux, à peu près tous de même taille. La « glande » de chaque poil apparaît comme une minuscule bille rouge à son extrémité.
Le Geranium mou présente sur ses pédoncules des poils jamais glanduleux mais de taille variable, les plus grands dépassant le diamètre du pédoncule.

La feuille
Geranium à feuilles rondes à gauche  /  Geranium mou à droite. 


Noter la taille des lobes plus découpés et le rougissement des bordures et des coins chez le Geranium à feuilles rondes.

Vous aimerez aussi...